ARTICLE 2 / Un Mosellan dans la Marine Nationale # 1932 / 1935
Mon grand père Roger s'engagea le 16 septembre 1932 à l'age de 19 ans dans la Marine Nationale.
Pourtant sa vie était déjà toute tracée. Issu d'une famille très religieuse, on lui fit suivre des études de séminariste.
En France le Petit séminaire est une école de niveau secondaire (collège, lycée) qui forme aussi bien des futurs séminaristes du grand séminaire que des élèves qui resteront laïcs. Le terme et l'institution sont désuets en Europe, mais le petit séminaire a eu une grande importance sociale jusqu'au milieu du vingtième siècle. C'était souvent l'un des seuls moyens de s'instruire pour les enfants intellectuellement doués vivant à la campagne, que les curés de paroisse repéraient et dont l'Église prenait en charge les années d'études secondaires, en proposant aux meilleurs d'accéder au grand séminaire. C'est aussi au petit séminaire que la petite bourgeoisie catholique envoyait de préférence ses garçons pour qu'ils reçoivent une éducation classique de qualité dans un milieu moralement exigeant. L'internat était la règle et la discipline rigoureuse.
Après des années passées dans un internat Parisien, Roger, a 19 ans, décida de prendre sa vie en main, et le 16 septembre 1932 à Thionville, il signa un engagement de 3 ans dans la Marine Nationale. A l'époque, c'était le moyen le plus radical pour prendre le large. Trois jours plus tard, il est matelot sans spécialité de 2ème classe à Toulon.
Pour avoir été à l'encontre de l'avis paternel, il en sera déshérité.
C'est ainsi qu'il se retrouve dans la Marine Nationale avec le Matricule 3198-C-32.
Arrivé à L'arsenal de Toulon le 19 septembre, le changement est brutal et il faut vite s'adapter aux règles militaires.
Après avoir perçu son habillement, qu'il lui en coûtera 943 francs, il se trouve affecté le 1er octobre sur le cuirassé Le Courbet.
Il choisira l'école de canonnage comme spécialité.
Le cuirassé Courbet porte le nom de l'amiral Amédée Courbet (1827-1885). Il est mis sur cale le 1er septembre 1910 à l'Arsenal de Lorient, lancé le 23 septembre 1911 et mis en service le 19 novembre 1913. C'est le premier « Dreadnought » de la Marine française.
Au début de la Grande guerre, en août 1914, il porte la marque du commandant en Chef de la flotte de la Méditerranée, le vice-amiral Boué de Lapeyrère. Le 16 août 1914, au combat d'Antivari, au large du Monténégro, il coule un croiseur de la Marine austro-hongroise.
Durant l'entre-deux-guerres, il sert principalement comme navire d'entraînement (école de timonerie) et subit, entre 1927 et 1929, une refonte complète durant laquelle la puissance motrice est portée à 43 000 chevaux et l'artillerie antiaérienne est renforcée.
En 1939, il est basé à Brest au sein de la 3e Division de Ligne, avec son sister-ship, le Paris. En juin 1940, il soutient à l'aide de ses canons le repli des troupes alliées sur Cherbourg, puis se replie sur Portsmouth. Le 3 juillet, le navire est saisi par les Anglais, puis rendu aux FNFL qui l'utilisent comme caserne et batterie antiaérienne à poste fixe (5 avions abattus crédités).
Désarmé en 1941, il sera coulé devant Hermanville-sur-Mer afin de servir de brise-lame pour protéger un môle du port artificiel de Ouistreham mentionné sous le nom de code de "Gooseberry".
Le 01 avril 1933 il obtiendra le Brevet élémentaire de canonnier ainsi que le Certificat de Pointeur Principal.
Le 15 mai 1933, il obtiendra le Certificat de Télépointeur élémentaire.
Le premier juin 1933, il embarque sur le Cuirassé Le PARIS à Toulon comme 2ème Classe Canonnier.
L'entre-deux-guerres ;
Le Paris est envoyé à Pula, le 12 décembre 1918, afin de superviser la reddition de la flotte austro-hongroise, où il reste jusqu'au 25 mars 1919. Il fournit une couverture aux troupes grecques lors de l'occupation d'Izmir, de mai 1919 à son retour à Toulon le 30 juin. Du 25 octobre 1922 au 25 novembre 1923, il subit sa première rénovation à Brest. Cela passe par le remplacement de l'ensemble des chaudières par des chaudières au mazout, l'augmentation de l'élévation maximale de l'armement principal de 12 ° à 23 °, l'installation d'une direction de lutte contre les incendies, la pose d'un télémètre, et l'échange de ses canons anti-aériens.
Après son retour au service, il soutient un débarquement amphibie à Al Hoceima par les troupes espagnoles au cours de l'été 1925 lors de la guerre du Rif après l'attaque du Maroc français par les troupes du Rif.
Il subit une nouvelle rénovation à Toulon du 16 août 1927 au 15 janvier 1929, ses systèmes de contrôle de feu sont complètement modernisés.
Il reprend son rôle dans la 2e division du 1er escadron de l'escadre de la Méditerranée jusqu'au 1er octobre 1931, quand il devient un navire-école. Il est de nouveau modernisé entre le 1er juillet 1934 et le 21 mai 1935. Ses chaudières sont révisées, ses canons principaux sont remplacés.
Sur le PARIS : "LE CLUB PRIVE D'AMOUR" le 11 novembre 1933. Roger toujours les mains dans les poches !!
1934.
Le 18 février, Roger est nommé canonnier de 1er Classe sur le PARIS puis, promu QUARTIER-MAÎTRE le 4 juillet 1934.
Bivouac dans une pinède / mai 1934.
En 1934, Roger continue à se spécialiser à l'école de canonnage et passe le Certificat de Télépointeur Supérieur dont-il sort deuxième avec la mention "Supérieure"... il en était très fière !
1935.
Année sombre pour Roger.
En effet, le vendredi 31 mai 1935 au soir, son père Louis décède.
Louis était contremaître-chef des Nouvelles Constructions aux Usines de Wendel. Il était âgé de 53 ans et, quoique souffrant déjà depuis une quinzaine de jours , il avait tenu à se rendre à son travail pour donner à ses ouvriers les instructions nécessaires. Malheureusement, le mal avait déjà commencé son oeuvre, et malgré tout les soins, il s'éteignit, entouré de tous les siens.
Roger réussi à être au chevet de son père, il eu une permission du 30 mai au 19 juin. Il en sera très éprouvé.