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06 Dec

ARTICLE 4 / Un Mosellan mobilisé pour la seconde guerre mondiale 1939 / 1940

Publié par nivate  - Catégories :  #Capitaine Marin, #HISTOIRE

ORDRE : En cas de mobilisation portée à la  connaissance des populations sur la voie publique ou par radio, le porteur du présent fascicule restera provisoirement dans ses foyers et ne se mettra en route pour rejoindre son corps ou service que s'il reçoit un ordre le lui prescrivant. TOULON 15 JUIN
ORDRE : En cas de mobilisation portée à la connaissance des populations sur la voie publique ou par radio, le porteur du présent fascicule restera provisoirement dans ses foyers et ne se mettra en route pour rejoindre son corps ou service que s'il reçoit un ordre le lui prescrivant. TOULON 15 JUIN

L'Europe en 1939 est sur le point d'exploser, en Mai, le pacte germano-italien est signé à Berlin par les ministres des Affaires étrangères allemand et italien. Il s’agit d’un pacte militaire offensif, qui scelle de manière officielle l'union des forces de l'Axe.

Roger reçoit au mois de Juin son fascicule de mobilisation.

Le 26 Aout 1939;

L'ambassadeur Britannique à Varsovie rapporte des violations de la frontière Polonaise par les Allemands et des incidents militaires.

Le Premier Ministre, M. Daladier, a supplié le Chancelier Hitler de tenter une dernière tentative pour un règlement pacifique avec la Pologne.

Ce même jour, Roger reçoit son ordre de mobilisation et doit rejoindre Boulogne-sur-Mer.

ARTICLE 4 / Un Mosellan mobilisé pour la seconde guerre mondiale 1939 / 1940

Le 1er Septembre 1939, les Allemands attaquent la Pologne,

le 3, la France et L'Angleterre déclarent la guerre à l'Allemagne.

 

L'objectif prioritaire des marines anglaise et française, pendant les premiers moi de la guerre, est la protection du trafic contre les sous-marins et les corsaires allemands.

 

Boulogne-sur-Mer, tout comme Calais, Dunkerque et Dieppe, constitue l'un des principaux ports permettant aux Britanniques de recevoir des renforts et du matériel lors de la bataille de France, utilisés depuis le début de  la drôle de guerre en septembre 1939.

 

 

 

 

ARTICLE 4 / Un Mosellan mobilisé pour la seconde guerre mondiale 1939 / 1940
ARTICLE 4 / Un Mosellan mobilisé pour la seconde guerre mondiale 1939 / 1940

Bien qu'aucune offensive terrestre ne semble se décider d'un coté comme de l'autre, la France en guerre effectue naturellement sa mobilisation générale. L'effectif total de la marine française est de 160 000 hommes environ. 

Dès le début du conflit, l'amiral Darlan devient le commandant en chef des forces maritimes française.

 

La situation est surtout très préoccupante pour la marine allemande. Conformément aux prévisions d'Hitler quant à la date du déclanchement de la guerre, Erich Raeder, grand-amiral, engagea le programme de constructions navales dans le long terme (il devait s'achever en 1945 !).

Par conséquent, en 1939, la Kriegsmarine n'est ni prête ni assez forte pour un combat frontal avec la Royal Navy et la marine nationale.

Face à cette situation pour le moins préoccupante, les efforts allemands vont alors se porter sur la construction de navires rapides et de sous-marins capables de frapper le commerce allié, tout en évitant de livrer bataille avec les marines de guerres ennemies.

 

L’Italie, dont ni l'armée ni l'opinion ne sont vraiment prêtent à combattre les Alliés (en particulièrement leurs marines), n'entre pas dans le conflit malgré le pacte d'Acier signé avec l'Allemagne. Elle se déclare "non-belligérante".

 

Au début du conflit, la majeure partie de la flotte française est en Méditerranée conformément aux plans franco-britanniques.

Mais les britanniques ont demandé à la marine française une participation importante aux futures opérations en Atlantique et en mer du Nord, car la Royal Navy manque dans cette zone de grands et récents bâtiments.

Ainsi les navires français les plus modernes de l'Escadre de l'atlantique constituèrent une force de Raid, basée à Brest, destinée à la protection du trafic atlantique et à une lutte contre les cuirassés de poche allemands.

Cette force de Raid est particulièrement puissante. Elle est composée, des deux croiseurs de bataille Dunkerque et Strasbourg, du porte-avions Béarn, du croiseur Emile Bertin, de trois croiseurs de 7 600 tonnes avec le Montcalm, le Georges Leygues et la Gloire, de huit contre torpilleurs et de sous-marins.

 

 

Le 08 Janvier 1940, Roger rejoint le 1er dépôt, il est destiné à embarquer prochainement sur le croiseur Montcalm. 

 

Le 03 Décembre, le Montcalm prend la direction du port de Cherbourg pour effectuer un grand carénage.

 

Alors que ce qu'on appellera "la drôle de guerre" commence et qu'une inaction presque totale règne sur le front occidental, la guerre sur mer a véritablement débuté.

 

Avant d'embarquer sur son ce nouveau navire, Roger obtient une permission de 8 jours du 19 au 26 Janvier 1940.

Il en profita pour demander en mariage Lucie qu'il vient de rencontrer et le 23 Janvier, ils se marièrent à Hayange.

 

Lucie & Roger

Lucie & Roger

Sa femme s'appelle Lucienne Ursule ORTOLAN est de nationalité Italienne, née le 16 Octobre 1920 à Caneva.

Le début de l'année 1940 correspond à une certaine accalmie dans la bataille océanique.

 

Le Montcalm a beaucoup navigué depuis son admission au service actif ( 4 décembre 1937). Le navire doit donc effectuer un carénage, et c'est à Cherbourg que sera réalisée toute une série d'opération visant à nettoyer la coque et à faire les travaux qui s'imposent.

Le croiseur MONTCALM

Croiseur Montcalm

Croiseur Montcalm

On peut dire que le Montcalm est un navire incroyablement chanceux. D'aucuns parlaient du destin, d'autres encore de la fortune, certains enfin de la Providence; Nombreuses sont les croyances, légendes et superstitions ayant cours dans le monde de la mer et des marins, et ce depuis toujours. Si le Montcalm a eu de la chance, c'est parce qu'il a livré de nombreux combats contre des adversaires parfois bien plus puissants, et qu'il s'en est toujours sorti miraculeusement indemne.

 

 

Le Montcalm et ses sisterships sont des navires réussis. Bien protégés tout en concervant une vitesse convenable, ils constituent de sérieux atouts au sein de la flotte française.

Néanmoins, ces aspects positifs ne doivent pas occulter leurs défauts, principalement en termes de défense contre les avions et de détection.

 

 

Entretien tourelle de 152 mm.
Entretien tourelle de 152 mm.

L'armement du Montcalm se compose de neuf canons de 152 mm modèle 1930 répartis en trois tourelles triples (deux à l'avant du navire, une à l'arrière).

90 mm
90 mm

De huit canons de 90 mm de part et d'autre des cheminées en quatre plateformes doubles.

La DCA montre des signes de faiblesse, outre le fait qu'elle soit déjà très insuffisante, la disposition des mitrailleuses fait que les marins chargés de les employer sont particulièrement exposés aux vagues et au vent en cas de mauvais temps.
La DCA montre des signes de faiblesse, outre le fait qu'elle soit déjà très insuffisante, la disposition des mitrailleuses fait que les marins chargés de les employer sont particulièrement exposés aux vagues et au vent en cas de mauvais temps.

De huit mitrailleuses Hotchkiss de 13,2 mm en quatre affûts doubles

et de deux lance-torpilles doubles de 550 mm.

mitrailleuses de 13,2 mm.

mitrailleuses de 13,2 mm.

Les canons de 90 mm et les mitrailleuses de 13,2 mm sont essentiellement antiaériens. Mais ces divers modèles sont très insuffisants et souvent dépassés pour une défense vraiment efficace.

 

Le moyen de détection principal du Montcalm est, comme la majorité des navires en 1939, l’œil humain amélioré par l'optique.

De plus, il ne possède pas de radar. C'est dans ce domaine qu'intervient Roger et ses capacités de Télépointeur. C'est lui qui dirigeait les tirs 

ARTICLE 4 / Un Mosellan mobilisé pour la seconde guerre mondiale 1939 / 1940
ARTICLE 4 / Un Mosellan mobilisé pour la seconde guerre mondiale 1939 / 1940
ARTICLE 4 / Un Mosellan mobilisé pour la seconde guerre mondiale 1939 / 1940
ARTICLE 4 / Un Mosellan mobilisé pour la seconde guerre mondiale 1939 / 1940

Le baptême du feu :

 

La campagne de Norvège.

 

 

 

 

 

La campagne  de Norvège fut le premier et néanmoins dernier grand test des forces franco-britanniques contre les Allemands avant la bataille de France.

Non seulement ces combats ont été les premiers affrontements véritables entre les deux armées, mais ils ont été également l'occasion de tester la stratégie, le potentiel et la réactivité des belligérants.

Au-delà de ces considérations stratégiques, les combats ont également révélé toute la puissance de la Luftwaffe, non seulement numériquement bien supérieure, mais aussi composée d'appareils intrinsèquement très performants.

Pour son baptême du feu,  le Montcalm n'a échappé que de justesse aux bombes de ces Stukas qui n'ont pas cessé de harceler les troupes alliés en Norvège.

Roger premier à droite, avec sa mine sévère.

Roger premier à droite, avec sa mine sévère.

L'expédition en Scandinavie proprement dite permettrait de s'assurer du fer suédois, essentiel à l'effort de guerre allemand. Privées de fer et de pétrole, l'U.R.S.S. et l'Allemagne s'effondreraient naturellement, par asphyxie.

 

Roger prend ses fonctions à bord du Montcalm dix jours après son mariage.

 

Depuis le 5 Janvier 1940, le capitaine de vaisseau Jean-Louis de Corbière prend la tête du Montcalm. Il a un profil très différent de celui de son prédécesseur. Il est scrupuleux et ordonné, ainsi q'un excellent tacticien. Il aure la lourde responsabilité de conduire pour la première fois Le Montcalm au feu.

 

 

Le Montcalm quitte le port de Cherbourg pour reprendre son poste à Brest le 6 Février à Brest.

L'entraînement redémarre aussitôt, mais dans la limite du port de Brest et de la baie voisine.

A partir de mars, le navire retourne s'entrainer à Penmarch ou dans la baie de Quiberon.

Pendant ces semaines  où le Montcalm ne fait plus de sortie en mer, le personnel tourne régulièrement du fait des permissions, mais aussi des hospitalisations car les nombreux travaux effectués à bord sont régulièrement source d'accidents.

 

 

 

ARTICLE 4 / Un Mosellan mobilisé pour la seconde guerre mondiale 1939 / 1940

En outre, le Montcalm souffre d'un déficit chronique de fusiliers marins et de mécaniciens. Les officiers canonniers sont également en sous nombre, puisqu'ils ne sont alors que trois, un pour chaque tourelle de152 mm; il n'y a donc pas d'officier canonnier secondaire pour ces tourelles et aucun officier pour les canons de 90 mm.

Des officiers non brevetés remplissent alors ces rôles bien qu'ils ne soient pas vraiment formés pour le faire. On profite de cette période relativement calme pour former les marins à des postes techniques bien particuliers.

 

Roger a du instruire ces marins et du faire preuve aussi de polyvalence. La camaraderie était très solide à bord.

ARTICLE 4 / Un Mosellan mobilisé pour la seconde guerre mondiale 1939 / 1940

Le Montcalm est le 5 Avril 1940 à Mers el-Kébir, où la Force de Raid effectue des manœuvres et se positionne en cas d'entrée en guerre de l'Italie.

Le 9 avril, le jour du déclenchement de l'attaque allemande sur la Norvège, la Force de Raid est immédiatement rappelée en Bretagne. Il n'est initialement pas prévu que le Montcalm participe aux opérations en Norvège, mais sa présence à Brest avec toute la Force de Raid est indispensable dans le cas où les combats en Scandinavie prendrait de l'ampleur.

Les troupes alliées doivent maintenant débarquer elles aussi en Norvège et reprendre les positions occupées par las Allemands.

 

Du 16 au 27 Avril, trois bataillons de chasseurs alpins et une brigade britannique sont débarqués à Namnos par la première division de croiseurs auxiliaires.

Le 19 Avril, devant le Namsen Fjord, le Bertin est touché par la bombe d'un Stuka; elle traverse le pont mais par chance n'explose pas. L'Emile Bertin doit néanmoins se retirer, et après avoir constaté que le navire ne pourrait finalement pas assurer sa mission, ordre est donné au Montcalm de rallier la zone de combats pour le remplacer.

Après démagnétisation de sa coque (parade contre les mines magnétiques),

Il appareille de Brest le 22 avril, escorté par les contre-torpilleurs Vautour et Albatros.

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Roger en premier plan.

Roger en premier plan.

Les Alliés disposent à Namsos de 8 000 hommes, dont 6 000 Français (5e demi-brigade de chasseurs alpins).

Les départs du corps expéditionnaire franco-britannique ont été souvent précipités, les points de débarquement modifiés en cours de route, du matériel oublié. Des pièces sont aussi dépourvues de viseurs, d'autre d'obus et les chasseurs alpins n'ont pour la plupart pas reçu de ski. Et surtout, les allemands s'accrochent farouchement. Les troupes anglaises ne peuvent progresser à l'intérieur des terres, et se font même refouler par l'ennemi.

La Luftwaffe harcèle sans cesse les troupes franco-britanniques privées de tout soutien aérien, et détruit leur matériel et ravitaillement à peine débarqués, à même le quai.

La terrible efficacité de l'aviation allemande fut une véritable et cruelle révélation pour les troupes à terre comme pour les navires. L'avion était alors considéré, par la plupart des marine, comme un instrument d'éclairage sans réelle capacité offensive, et à plus forte raison sur mer.

Il faut donc songer à évacuer, et l'ordre est donné en ce sens le 28 Avril.

 

 

 

 

Le 29 Avril à 20h 15, les bâtiments du convoi devant évacuer les troupes de Namsos appareillent de la rade de Scapa Flow. Cette force est composée de trois croiseurs, Le Montcalm et les York et Devonshire anglais, trois croiseurs auxiliaires, et neuf destroyers dont le contre torpilleur français Bison.

A l'aube du 1er mai, ils arrivent au large de la cote norvégienne.

A 13 heures, trois avions ennemis lancent la première attaque, puis dix autres se présentent peu après. Les DCA ripostent et aucun navire n'est touché. Un brouillard épais se lève dans l'après-midi et oblige les avions à décrocher. Mais à cause du mauvais temps et de cette brume, l'opération de rembarquement est reportée la nuit suivante. Les bâtiments s'éloignent alors immédiatement des cotes et se placent dans le brouillard pour se protéger des avions ennemis.

 

Le 2 Mai, le convoi reçoit le renfort d'un croiseur, le Carlisle, et en fin d'après-midi, les navires retournent à Namsos. Eclairée par un immense brasier, la ville est en flamme, complètement détruite et incendiée par l'aviation allemande qui la pilonne depuis de nombreux jours.

 

Une première alerte est déclenchée à 18 h 53, lorsque le sillage d'une torpille se dirigeant sur le Montcalm est repéré. Le croiseur se dérobe pour l'éviter, et la torpille passe finalement sous le navire.

 

Nouvelle alerte à 0 h 10 quand un veilleur du Montcalm aperçoit un périscope pendant quelques secondes. Les destroyers patrouillent alors sans relâche pour tenter de décourager les sous-mariniers allemands.

Dans le port, l'embarquement des troupes commence le soir vers 23 heures.

Les troupes allemandes occuperont Namsos dans l'après-midi.

Les derniers croiseurs auxiliaires quittent le fjord à 3 h 30 pour rejoindre l'escorte croisant au large.

 

 

 

 

ARTICLE 4 / Un Mosellan mobilisé pour la seconde guerre mondiale 1939 / 1940
ARTICLE 4 / Un Mosellan mobilisé pour la seconde guerre mondiale 1939 / 1940

LES DESSOUS DE L’EXPÉDITION DE NORVÈGE 1940.
Colonel du Pavillon. (Arthaud)



NAMSOS, vendredi 3 mai 1940
2 H 30 il fait déjà petit jour.

Les transports ont quitté la rade.

L’EL MANSOUR, parti à l’avance est déjà loin.

L’EL KANTARA fonce entre les parois du fjord.

L’EL DJEZAIR et le CARLISLE suivent.

Le YORK qui s’est attardé dans la rade, rattrape le convoi, le dépasse.

L’AFRIDI ferme la marche.

Sur tous les bâtiments, les hommes harassés se sont couchés les uns sur les autres et dorment comme des brutes.

3 H 30 Le soleil est déjà haut.

Presque à la sortie du fjord l’EL DJEZAIR stoppe. Une fumée noire s’élève de la machine. C’est le plomb de la ventilation qui a sauté. Le YORK et le CARLISLE restent en protection, l’EL KANTARA continue.

Dix minutes après -des minutes qui semblent des heures- la réparation est faite et le navire et ses escorteurs reprennent leur course.

3 H 50 les croiseurs auxiliaires et les croiseurs de bataille sortent du fjord : quelques bancs de brume vers le large qui, malheureusement, se dissipent.

Les bâtiments retrouvent la forte protection qui a navigué au large toute la nuit : le MONTCALM, le BISON, les destroyers britanniques NUBIAN, GRIFFIN, IMPERIAL, GRENADE, le tout sous les ordres de l’Amiral CUNNINGHAM qui a sa marque sur le croiseur DEVONSHIRE.

L’Amiral CUNNINGHAM envoie le YORK vers l’EL MANSOUR, déjà hors de vue. Il va le rejoindre grâce à sa vitesse. Ce petit convoi prend de plus en plus d’avance, file vers le cercle polaire, avant de prendre une direction plus à l’Ouest et rabattre vers le Sud, vers Scapa Flow.

L’armada s’organise en deux groupes :

En avant l’EL KANTARA flanqué du MONTCALM, du BISON et du HMS GRENADE.

À 3000 m, l’EL DJEZAIR et le CARLISLE, sur la gauche le CARLISLE.

Les autres destroyers sont repartis.

La formation se met en ligne de file.

La protection semble fortement assurée.

Le rembarquement a réussi… le plus dur semble fait. Chaque mille parcouru, chaque minute qui passe, nous éloigne d’une menace aérienne.

Il était dit cependant que les Allemands ne lâcheraient pas si facilement leur proie.

5 H 30 L’inévitable hydravion de service se montre à l’horizon. Il vole loin, en arrière. Il disparaît rapidement après avoir repéré le convoi.

8 H 30 alerte !

Les premiers avions apparaissent.

Les klaxons hurlent sur tous les bâtiments.

Le convoi prend ses dispositions ; il marche en lacets.

Les bombardiers en formation de quatre, volent très haut, brillent au soleil, puis s’approchent à la verticale et bombardent, tandis que d’autres amorcent de semi-piqués pour lâcher leurs bombes à faible altitude et s’éloignent en rasant les flots.

Ce sont des piaulements aigus, des éclatements sourds. Les bombardiers tirent de trop haut et ratent leurs objectifs : un chapelet de bombes arrive entre le DEVONSHIRER et l’EL DJEZAIR, un autre à cent mètres en avant du BISON

Des gerbes d’eau, allant jusqu’à 50 mètres, dissimulent les navires les uns après les autres. Elles s’élèvent devant, à gauche, plus loin, plus près.

La DCA est entrée en action et réagit. Les mitrailleuses crépitent, les canons tonnent, crachent du feu à telle cadence que les tubes sont brûlants et doivent être refroidis avec des serpillières trempées dans l’eau.

Tous les hommes d’équipage disponibles sont de corvée pour accélérer l’approvisionnement des pièces en munitions.

La bataille fait rage : c’est un véritable enfer, un vacarme étourdissant.

Les vagues de quatre se succèdent : le ronronnement d’une formation n’est pas encore éteint que celui de l’équipe suivante se précise.

Spectacle grandiose s’il n’était aussi dangereux.

Sur les transports archipleins, les hommes sont partout, envahissent tout, les coursives, les escaliers, les cales, les différents ponts. Pas de brassières pour tous. Les uns ne veulent pas voir, ne pas entendre et se font petits ; d'autres, appuyés sur les bastingages, regardent, hébétés, ce combat auquel ils ne peuvent participer. Ils n’espèrent qu’un dénouement heureux.

Il faut avoir vécu de tels instants pour se rendre compte de la formidable tension à laquelle sont soumis les nerfs, même les mieux équilibrés...

Les avions après une heure de combat sans résultat, disparaissent. Le calme revient, mais le  mouchard  est toujours là qui surveille le convoi.

10 H L’infernale sarabande recommence. Le quadrille aérien reprend, plus intense ; on tire de partout.

Les vagues de bombardier se succèdent à haute altitude, au dessus du convoi, et lancent leurs bombes… on les voit se balancer au départ, grossir ; elles produisent un sifflement sinistre. Elles semblent tomber sur vous. Malgré soi, on baisse la tête, on remonte les épaules… elles explosent, 50 mètres, 100 mètres plus loin, soulevant d’énormes geysers.

L’une d’elles rase l’étrave du MONTCALM, éclate : l’avant du croiseur disparaît dans une gerbe d’eau.

10 H 30 Un Stuka amorce avec détermination un piqué sur le MONTCALM qui semble visé à nouveau. L’avion descend à vive allure, suivi d’une traînée de fumée, il parait touché.

Les cœurs battent de joie sur tous les bâtiments où on suit le combat.

Hélas, le faux éclopé se redresse, infléchit sa course : c’est un demi-piqué qui s’achève à la verticale du BISON dont les canons de 37 tirent rafale sur rafale.

Une bombe de 300 kg est lâchée sur le contre-torpilleur qui est touché à l’avant. L’engin passant au ras de la passerelle, va éclater dans les fonds, dans une soute à munitions.

Explosion de nombreux débris, une pièce de 138 avec sa plateforme, sont projetés en l’air à une cinquantaine de mètres.

Puis c’est un grand souffle chaud, un ébranlement de l’air.

Une flamme immense jaillit de l’avant, puis un nuage de fumée noire s’élève peu à peu.

Des débris enflammés retombent partout.

L’avant a disparu dans les flots, coupé à hauteur de la cheminée 1. L’arrière flotte encore...

Le commandant du BISON ...BOUAN, le chef d’État-major de la 11° DCT LV MERLIN, quatre autres officiers, l’officier de liaison de la marine britannique sont tués sur le coup. Le commandant en second CC GIRAUD, est projeté à la mer par l’explosion, couvert de blessures mortelles.

Bien d’autres morts, des officiers, des quartiers maîtres, des marins, les canonniers de l’avant, toute la bordée en train de déjeuner dans les postes au dessus des soutes à munitions avant, ont disparu également.

ARTICLE 4 / Un Mosellan mobilisé pour la seconde guerre mondiale 1939 / 1940

 

Compte rendu de l’officier de quart du MONTCALM :

 

 

1 - De trois à cinq secondes après la chute de la bombe, aucune réaction visible.

 

2 - A cet instant, une flamme élevée jaillit de l’avant

 

3 - Explosion violente, nuage de fumée considérable dans lequel le BISON disparaît complètement.

 

4 - Aperçu nettement plusieurs débris du bâtiment, dont une pièce de 138 projetée avec sa plateforme à une cinquantaine de mètres de hauteur

 

5 - La fumée se dégageant, vu d’abord l’arrière, puis les quatre cheminées.

 

6 - Le bâtiment est coupé sur l’avant de la cheminée 1.

 

7 - L’avant a complètement disparu. L'arrière flotte.

 

Un incendie se propage de l'avant vers l'arrière par bâbord.

 

 

Le MONTCALM vient sur la gauche en grand pour passer sur l’arrière du BISON.

 

On peut alors constater :

 

1 - Nombreux survivants à l’arrière et sur le pont milieu. La plupart munis de leurs brassières de sauvetage. Dans un ordre parfait.

 

2 - Le bâtiment est entouré de nombreux morceaux de bois flottants et d’une nappe de mazout qui commence à flamber, à bâbord de lui. On distingue des hommes, noirs de mazout, accrochés à diverses épaves.

 

3 - La baleinière du BISON correctement armée, passe pour se porter au secours des naufragés qui sont à l’eau.

 

Pendant ce temps les attaques aériennes se poursuivent. Le demi BISON flotte et tire toujours, tout frappé à mort qu’il soit.

 

Les destroyers britanniques HMS GRENADE, AFRIDI, et IMPÉRIAL s’empressent autour de lui et accostent.

 

 

10 H 20 Fin de l'attaque ennemie

 

HMS DEVONSHIRE donne l’ordre à l’AFRIDI resté en arrière, de couler l’épave du BISON.

 

Quelques coups de canon sont tirés...

 

12 H 7 Le BISON disparait par 65° 42’ N et 07° 17’ E

13 H 52 nouveau raid de la Luftwaffe mené par 3 appareils.

14 H 45 les deux avions qui s’attaquent au croiseur auxiliaire anglais CARLISLE échouent dans leur attaque, le troisième met au but sur l’AFRIDI, près de la cheminée 1.

Le GRIFFIN et l’IMPERIAL se portent au secours de l’AFRIDI en se plaçant de chaque bord de celui-ci,

ils embarquent les rescapés du BISON et les survivants des 219 officiers et hommes de l’AFRIDI.

 

14 H 45 L’AFRIDI coule.

La fin du Bison. Il y aura 112 survivants dont 60 blessés graves, sur les 268 hommes.
La fin du Bison. Il y aura 112 survivants dont 60 blessés graves, sur les 268 hommes.

La fin du Bison. Il y aura 112 survivants dont 60 blessés graves, sur les 268 hommes.

Le Montcalm sort indemne de l'opération, mais les bombes des Stukas ne sont jamais tombées très loin.

Le déficit de marins s'est fait sentir, car il a fallu prélever des hommes d'autres postes pour faire convenablement actionner la DCA, ce qui n'est pas du tout normal pour un navire de guerre en général, encore moins pour un croiseur de 7 600 tonnes en pleine opération.

 

Le Moncalm est à Greenock, port Ecossais, lorsque le 10 Mai à l'aube, les troupes allemandes franchissent les frontières hollandaises, Luxembourgeoises et Belges.

 

C'est le Blitzkrieg, la guerre éclaire.

 

 

 

Le 13 Mai, les Panzers traversent le massif des Ardennes et percent à Sedan

 

A la suite de l'offensive, le Montcalm est rappelé à Brest où il arrive le 15 Mai.

 

Le 16, le front français est définitivement rompu et l'armée allemande commence à encercler du sud vers le nord l'armée franco-britannique engagée en Belgique.

Le Montcalm repart rallier la Force de Raid à Oran.

Lorsque les blindés atteignent la mer, c'est la moitié des troupes alliés qui est piégée dans une vaste poche autour de Dunkerque : 330 000 Français et Britanniques rembarquent au prix de lourdes pertes du 26 au 3 Juin.

 

Les Belges capitulent le 28 Mai.

 

Tandis que l'armée française recule partout sur les routes encombrées par l'exode des civils et bombardées par la Lufwaffe, le gouvernement quitte Paris le 10 Juin.

Le même jour, Mussolini déclare la guerre à l'Angleterre et à la France déjà vaincue. Pour les Français, la déclaration de guerre italienne fut un coup de poignard dans le dos (comme le dira le président Roosevelt). Mussolini aspirait à se joindre à la victoire de Hitler, sa fameuse déclaration à Badoglio, « j’ai besoin de quelques milliers de morts pour m’asseoir à la table de la paix », résume bien l’orientation de la guerre déclarée le 10 juin 1940.

 

 

Marins du Montcalm, avec l'un d'eux blessé à la cheville.

Marins du Montcalm, avec l'un d'eux blessé à la cheville.

La Force de Raid est chargée du contrôle de la Méditerranée occidentale à partir d'Oran et d'Alger, tandis qu'une escadre française (Force X) est constituée dans le secteur britannique d'Alexandrie. Mais la Regia Marina ne bouge pas. En revanche, la Marine Nationale est bien décidée à provoquer les navires italiens et les forcer à livrer bataille.

 

Pour intercepter les forces navales allemandes qui pourraient franchir Gibraltar et rallier la Regia Marina en Méditerranée, la Force de Raid mène des opérations de patrouille..

 

Le 14 Juin, les armées allemandes entrent dans Paris déclarée ville ouverte.

La France tout entière est abasourdie, le spectacle désolant de la débâcle et de l'exode est un choc inouï. Pour beaucoup, plus que l'effondrement de l'Etat ou de l'armée, c'est l'effondrement de la Nation.

 

Dans cet état de choc, Pétain, fort de son prestige de "vainqueur de Verdun", a la sympathie des Français et le soutien de parlementaires et de responsables politiques.

Le 16 Juin 1940, le Maréchal devient président du Conseil après la démission de Paul Reynaud et, le lendemain, il ordonne à la radio la cessation du combat.

 

L'appel du 18 juin est le premier discours prononcé par le général de Gaulle à la radio de Londres, sur les ondes de la BBC. C'est un appel aux armes dans lequel il appelle à ne pas cesser le combat contre l'Allemagne nazie et dans lequel il prédit la mondialisation de la guerre.

 

 

L'ultime humiliation : le 22 Juin l'armistice est signé à Rethondes.

Mais pour les marins faisant partis de La Force de Raid, les hostilités ne sont pas finies.

Le 23 Juin, la 4ème DC appareille d'Oran pour protéger les nombreux navires français organisant le repli sur l'Afrique du Nord.

La guerre avec l'Italie n'est officiellement pas encore terminée, et d'ailleurs, la flotte italienne semble enfin sortir de sa léthargie et tente d'intercepter les convois français.. Les croiseurs italiens sont repérés par un hydravion. La chasse est donnée, mais les forces italiennes rentrent dans leurs bases, au grand dam des marins français bien décidés à en découdre.

Estimant la fin de la guerre proche, Mussolini jugea inutile de faire prendre des risques à sa marine.

 

Les 6 croiseurs de 7 600 tonnes dont le Montcalm, rentrent à Alger le 24 Juin.

Ce même jour, Roger a été atteint d'un traumatisme au poignet.

Le 25 Juin, à Alger, on lui détermine une fracture et sera plâtré.

 

Service hygiène & santé du Montcalm.

Service hygiène & santé du Montcalm.

La France vaincue est occupée, et le nouveau régime se met peu à peu en place.

 

Le Montcalm devient un navire de la nouvelle armée d'armistice.

Mais si les combats sont officiellement terminés pour lui, comme pour toute l'armée française, il devra livrer d'autres batailles très prochainement, sous d'autres latitudes et contre un nouvel ennemi, pourtant l'allié d'hier.

 

Conformément à la politique étrangère du régime de Vichy, le Montcalm défendra l'Empire contre les Britanniques et leurs alliés français libres.

 

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