Rare, superbe lampe scyalitique BBT sur trépied pour éclairage loft industriel.
Une lampe spectaculaire, initialement destiné à un usage médical dans les années 1950 .
En métal, miroir et verre.
Diffuse une lumière sans ombre.
Orientable en tous sens.
Je l'ai monté sur un ancien trépied de marque GITZO REPORTER N°2, ce qui permet de nombreux réglages de positionnement.
Les rayons sont réfléchis par de multiples miroirs positionnés en pétales.
Cette lampe avait subi les aléas du temps et sa peinture d'origine était quelque peu altérée.
Je lui ai appliqué une finition graphite.
Électrification révisée et fonctionnant parfaitement, ampoule 220v traditionnelle et standard.
L'histoire passionnante de cette lampe qui a révolutionné le milieu médical.
L’invention du « scialytique » (du grec skia/ombre et luein/dissoudre) améliora radicalement les pratiques des médecins.
L’éclairage des salles d’opération dans les hôpitaux et plus particulièrement celui des zones opératoires était l’un des problèmes récurrents qui entravaient le déroulement de certaines interventions.
Les ombres, la focalisation et la chaleur de la source gênaient les chirurgiens.
Plus que cela, la promiscuité entre les praticiens et leurs patients, la tradition des cours magistraux et les usages multiples de la salle de travail entraînaient la prolifération de maladies nosocomiales mortelles.
Au début du XXe siècle, la venue d’une nouvelle source lumineuse, le scialytique BBT, qui projette un faisceau lumineux sans ombre portée, permit enfin de répondre aux besoins des médecins. Plus que la simple amélioration d’un confort visuel, le scialytique participa à la transformation de l’ancienne salle d’opération en un élément unique : le bloc opératoire. Cet espace hautement spécialisé et confiné put dès lors être placé stratégiquement, suivant les besoins, à l’intérieur de « l’hôpital bloc » moderne.
La lumière du jour avait le très lourd inconvénient de projeter, sur le malade, une large ombre portée de la tête du praticien ou de sa main tenant l’outil. La vision était perturbée par la zone sombre qui cachait les détails de l’opération en cours. Avec l’augmentation de la profondeur des cavités, l’ombre devint une gêne considérable. On chercha rapidement à compléter la lumière naturelle par des sources lumineuses d’appoint en lumière artificielle. On les tenait à la main ou sur un pied et on les approchait de l’opération à la demande du médecin. Des projecteurs à arc furent placés tout d’abord à hauteur d’homme, derrière le chirurgien et dirigés vers le milieu de la table d’opération. La plage lumineuse ainsi obtenue était imprécise et son incidence restait pratiquement fixe. La lampe chauffait et apportait à la salle d’opération et à la nuque du praticien une élévation de température rapidement insupportable. On ajouta un petit miroir sphérique (la lampe « cyclope ») porté sur le front du praticien et muni d’une lampe mobile. Il fut utilisé pour l’examen des petites cavités nasales ou des oreilles et en lumière d’appoint lors d’une opération. Cet appareil demeura très longtemps un des attributs du chirurgien du début du XXe siècle.
D’autres dispositifs d’éclairage indirect firent leur apparition avec l’utilisation régulière de l’électricité. Des projecteurs à miroirs sphériques du type « phares d’automobile » furent également utilisés, placés aux quatre coins de la salle ou maintenus à bout de bras par les assistants du chirurgien. Aucune solution proposée ne répondait à cet épineux casse-tête : comment éclairer un objet avec une source lumineuse sans générer d’ombre portée ?
Une salle d’opération vers 1950. On distingue encore l’ancienne verrière qui assurait l’éclairage de la pièce et des opérations. Crédits © Archives privées BBT. URL http://insitu.revues.org/docannexe/image/3997/img-1.jpg
L’invention du « scialytique » fut accueillie comme une révolution dans le domaine chirurgical au point que cette marque déposée fit partie du vocabulaire de l’hôpital en désignant « globalement » tous les éclairages des zones opératoires.
Les salles furent transformées et déplacées dans les arrière-cours, à n’importe quel étage ou en sous-sol. Les horaires des opérations n’étaient plus limités. On pouvait travailler de nuit ou dans l’urgence sans aucune contrainte.
La température de la salle restait stable et contrôlable. Munie d’une poignée stérile, la lampe pouvait être orientée dans toutes les directions lors de l’opération. Parce que la zone de travail était fonction du diamètre de l’appareil, on construisit d’énormes scialytiques de deux mètres de diamètre comme à l’hôpital Cochin de Paris ou à Lyon.
L’appareil était situé sur un pont roulant placé dans une verrière au-dessus de la salle d’opération. Il avait l’avantage de permettre aux étudiants d’assister à l’opération tout en étant séparés du milieu stérile.
En fait, le scialytique se diffusa radicalement dans tous les hôpitaux de France et du monde entier. Différents principes apparurent pour contrer industriellement le brevet du docteur Verain. On vit ainsi des salles d’opération munies de coupoles demi-sphériques (Walter ou Amsco) qui réfléchissaient un faisceau lumineux. D’autres avaient une multitude de projecteurs allumés en fonction de la zone à opérer (Gallois ou Blin). En fait, l’éclairage opératoire n’évolua plus de manière fondamentale. Un principe de base avait été trouvé et appliqué. Il est encore utilisé dans les hôpitaux.
Une ou plusieurs sources lumineuses sont disposées au centre de l’appareil. Le flux est concentré en un faisceau circulaire et horizontal par une optique à échelon. Les rayons sont réfléchis par 144 à 2000 miroirs inclinés positionnés sur une surface circulaire. La zone d’éclairement ainsi obtenue est composée de la superposition de l’ensemble des rayons lumineux. L’ombre portée de la main du praticien est toujours compensée par une ou plusieurs taches de lumière. La qualité de la dilution des ombres est directement liée à la taille des images projetées par rapport au diamètre du champ lumineux. Le déplacement de la lampe à incandescence dans l’appareil permet de focaliser la place lumineuse pour la rendre plus homogène.
Les salles d’opération perdent au fur et à mesure leur contact avec l’extérieur et leurs baies vitrées. Le bloc opératoire est en train de devenir entièrement clos. Crédits © Archives privées BBT. URL http://insitu.revues.org/docannexe/image/3997/img-4.jpg