un drôle d'insecte...!
Le meloe proscarabaeus
Il est de couleur bleu-noirâtre, long d'environ 3 cm maximum, le mâle est plus petit. Les élytres sont courts et mous et légèrement écartés à l'arrière.
(photo : femelle / Haut-Rhin)
Ce coléoptère a un cycle de vie fascinant.
Les méloïdés sont des coléoptères qui ont en commun d'avoir des larves kleptoparasites et un cycle de métamorphoses remarquable.
Le kleptoparasitisme désigne une forme de parasitisme au cours duquel une écophase va détourner à son seul profit une ressource de l'espèce parasitée. C'est ainsi que les larves de méloés vont utiliser les réserves de miel normalement destinées aux larves des abeilles parasitées.
D'abord, les méloés sont des machines à pondre. Ils sont affublés d'un énorme abdomen qui les empêcherait de voler s'ils avaient encore des ailes. Celui de la femelle est encore plus volumineux, ce qui lui permet de pondre plusieurs milliers d'œufs dans la terre. Trois ou quatre semaines plus tard, des milliers de petites larves affublées de pattes au bout desquelles on va compter trois petits ongles (ou griffes) vont naître et grimper aussitôt dans la végétation. C'est la possession de ces trois petits ongles qui leur a valu leur nom de triongulin.
Les larves triongulines choisissent généralement de s'installer sur des fleurs où elles peuvent rencontrer les abeilles mellifères qui les intéressent. Les triongulins sont de très petites larves, très agiles et très rapides qui affectionnent les fleurs des composées dans les fleurs tubulées desquelles elles se cachent et restent immobiles jusqu'à ce qu'un insecte visite la fleur ou qu'on l'ébranle pour faire une observation…
En effet, les triongulins cachés dans la fleur vont s'accrocher aux poils de l'abeille laquelle va les emmener dans sa ruche ou son nid. C'est très probablement la raison de l'existence de ces trois ongles entourés de touffes de poils. Cela écrit, les triongulins disposent aussi de pseudo appendices à la terminaison de leur abdomen qu'ils rendraient adhésifs par des sécrétions anales ce qui leur permettrait de se fixer à leur hôte pour un transport. Il peut arriver qu'une seule abeille transporte plusieurs triongulins en même temps. Il arrive aussi que les triongulins se trompent de transporteurs et choisissent, par exemple, de grimper sur une abeille mâle, une syrphe ou un insecte pollinisateur quelconque non mellifère auquel cas, évidemment, sa tentative de parasitage est vouée à l'échec. Il semble que seuls quelques larves arrivent à se fixer sur le bon transporteur. Le déchet serait colossal et compensé par le nombre très important d'œufs pondus et de larves à naître (2 à 4000 oeufs par ponte - 3 à 5 pontes).
Arrivée au nid, la larve trionguline se détache de son transporteur et gagne une loge dans laquelle l'abeille a déjà pondu un œuf et mis la réserve de miel nécessaire au développement de sa larve. Le triongulin dévore l'œuf de l'abeille, puis consomme la réserve de miel s'il ne s'y noie pas.
Ce qui est remarquable aussi chez les méloïdés, ce sont les différents stades de la métamorphose qui est qualifiée d'hypermétamorphose.
Le triongulin est pendant les deux premières phases une larve caraboïde, migrante et agressive pour trouver un hôte transporteur, puis sédentaire et mellivore aussitôt qu'elle a trouvé un alvéole.
Au stade 3, la larve est de type melolonthoïde, d'abord sédentaire et mellivore, puis migrante et carnivore
au stade 4. Au stade 5, la larve va s'enfouir et se contracter (hypnothèque), puis se transformer en une prénymphe immobile et qui ne se nourrit pas.
Le stade 6 est le stade nymphal proprement dit au cours duquel la nymphe, toujours souterraine, est mobile. Elle donne naissance à l'imago qui va errer sur la terre plus ou moins longtemps selon qu'il va se reproduire rapidement ou pas.
À la fin de l'été, les méloés adultes ne se rencontrent plus guère.